Autun, le 29 avril,
Tout le monde sait que nous sommes ici dans cette fameuse Bibracte, capitale du pays de Aeduens, que Pomponius-Mela appelle les plus illustres des Celtes (au Gaulois), et dont César parle si souvent. César, qui attaquait les Gaulois avec une bravoure égale à la leur et l'esprit supérieur d'une civilization plus avancée, chercha à diviser ces peuples enfants. Il excita les jalousies particulières des habitants d' Autun, les attira dans son parti, qui était celui de l'étranger, et les pauvres gens de Bibracte, poussés par le funeste plaisir d'humilier les Allobroges et les "Arvernes", se réunirent aux Romains. Pour prix de leur sottise, ils reçurent le titre de frères et d'alliés du peuple romain.
Ils possédaient le territoire entre la Loire et la Saône, et avaient de grandes richesses qui firent le bonheur de César. Les gens d' Autun, ayant perdu la liberté, s'avilirent au point de flater Auguste, et de donner à leur ville le nom latin de Augustodunum. Sous Constantin, ils changèrent encore son nom; mais celui qu'elle porte est une abréviation et une mémoire éternelle de sa première flatterie envers le tyran étranger. Douée d'un tel esprit de conduite, elle fit fortune et devint bientôt une des plus belles et des plus importantes cités de la Gaule. Tacite reconte que, dès le temps de Tibère, on y envoyait les jeunes Gaulois por les faire instruire dans les lettres grecques et latines. Sa splendeur durait encore trois cents ans plus tard, sous Constantin. Elle avait été horriblement saccagée et brûlée à la fin du troisième siècle, lors de la révolte des Bagaudes, mais Constantin l'avait réparée.
Attila s'en empara cent cinquante ans plus tard, et, selon la costume de son peuple, détruisit tout ce qui offrait quelque apparence de civilisation. Les Bourguignons et les Huns se disputèrent les ruines d' Autun. Enfin parurent Rollon et ses Normands, qui achevèrent de détruire le peu qui subsistait encore.
Malgré tant de malheurs, Autun est l'une des villes les plus curieuses de France. Ses citoyens ont toutes les vertus, mais assurément ils n'aiment point les antiquités. Aussi tard que 1762, ils on construit un séminaire avec les pierres de leur amphitéâtre. En 1788, ils employèrent ce qui restait des matériaux de ce monument pour réparer leur église de Saint-Martin, détruite depuis peu. Cet amphitéâtre avait peut-être été bati sous Vespasien.
Autun est situé sur le penchant d'une colline rapide, auprès de la rivière d'Arroux, et au pied de trois monticules qui la couvrent à l'orient et au midi.
En arrivant à Autun, j'ai eu le vif plaisir de marcher sur les pierres d'une voie romaine: la rue est rapide, et les chevaux ont grand'peine à se tenir sus ces blocs de granit.
STENDHAL, Henry Beyle, Mémoires d'un Touriste (I).
Paris: Calmann-Lévy, Éditeurs. Pp. 61-63.
2 comentários:
"Há muito que já andava para lê-lo", disseste-me tu.
Tem uma óptima noite, Joana.
Há muito tempo, é bem verdade.
Na impossibilidade de, efectivamente, calçarmos as botas e partirmos em viagem, empunhemos um livro e façamos o mesmo...
Um bom dia e, já agora, bom fim-de-semana, Patrícia.
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